Qu’est ce que le syndrome de diogène ?

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Le syndrome de Diogène est souvent appelé “maladie des gens qui gardent tout” par les personnes ne connaissant pas le terme. Mais si le terme maladie est inexact, il est souvent employé pour parler de ce mal, tant il gangrène la vie des personnes qui en sont atteintes… ainsi que celle de leur entourage.

Bien souvent diagnostiqué quand il est déjà très tard, et parfois trop tard dans le cas de personnes décédées, le syndrome de Diogène est une sorte de montagne impossible à gravir pour les personnes qui en sont victimes. Hélas, il se révèle être un véritable travail d’Hercule pour les proches, quand il s’agit de déblayer et nettoyer derrière.

Heureusement, cette pathologie peut être traitée.

Définition du syndrome de Diogène

C’est en 1975 que trois gériatres anglais Clark, Gray et Mankikar définissent ce trouble du comportement par “Syndrome de Diogène”. Mais ce phénomène existait déjà bien avant, appelé tantôt “mendiants thésauriseurs“, et en Anglais “social breakdown syndrome” ou “self-neglect syndrome“.

Tous les noms sont cependant corrects vis-à-vis de la pathologie, tout en étant incomplets. Le syndrome de Diogène définit non pas une situation particulière, mais bien un ensemble de situations différentes des unes et des autres qui ne correspondent pas nécessairement à Diogène lui-même, ou encore au cas de personne “se négligeant”.

Diogène était un philosophe grec du IVe siècle av J.C, connu notamment pour son mode de vie excentrique et ultra-minimaliste : il avait pris une jarre renversée pour lieu d’habitation. Si, dans la démarche de Diogène, le but était de se rapprocher de la nature, les personnes atteintes de son syndrome ont surtout pour dénominateur commun un mode de vie souvent en dehors de toute convention sociale.

Et si de façon générale, on appelle cela “la maladie des gens qui gardent tout”, il existe en réalité plusieurs types de syndromes de Diogène, que nous vous expliquerons.

Diogène actif et Diogène passif

Dans le cas d’un syndrome de Diogène de collection, on va distinguer deux typologies : le Diogène dit “actif”, où la personne collectionne volontairement les objets, meubles, et quelques bizarreries. Et le Diogène dit “passif”, où la personne, à force de procrastination, se laisse peu à peu submerger par les objets et les immondices.

Dans ce dernier cas, le plus connu et le plus souvent rencontré par les familles, la victime peut tout à fait acheter des objets neufs plutôt que de nettoyer ceux qui sont sales ou cassés.

À noter qu’une personne atteinte du syndrome de Diogène qui négligerait son habitat peut présenter un respect et un sens de l’ordre particulier pour une catégorie d’objets (ou une collection). Elle peut ainsi avoir un appartement jonché de détritus et autres meubles à peine montés tout en ayant une collection de boîtes de thés, parfaitement alignées, le tout à côté d’une machine à thé totalement propre et en parfait état de marche.

Différence entre maladie et syndrome

Pour bien comprendre pourquoi on appelle ça “syndrome de Diogène” et non “maladie de Diogène””, il faut comprendre la différence entre maladie et syndrome.

Un syndrome est un ensemble de symptômes (signes) pouvant faire état d’une maladie sous-jacente.

Le syndrome de Diogène est un ensemble de symptômes, de troubles du comportement la plupart du temps, pouvant être eux-mêmes liés à une ou plusieurs maladies. À commencer par la dépression, par exemple.

Il n’est donc pas correct de parler de “maladie”, mais pas non plus inexact, voilà pourquoi les deux termes se chevauchent très souvent dans le langage et la documentation.

Comment reconnaître une personne atteinte du syndrome de Diogène ?

Deux grands signes peuvent vous alerter :

  • Un rapport particulier à l’hygiène corporelle. Soit une négligence excessive, soit un soin à outrance.
  • Un rapport très inhabituel à l’objet. Soit une accumulation systématique (une sorte de collectionnite aigüe, on parlera alors de syllogomanie), soit au contraire un refus de conserver le moindre meuble, objet, ou denrée “superflus”.

Les personnes atteintes du syndrome de Diogène peuvent donc tout à fait vivre dans un ramassis d’objets et ordures et prendre grand soin d’elles-mêmes, ou au contraire être négligées et se contenter du strict minimum en matière de meubles.

Ces modes de vie hors-normes entraînent très souvent chez la personne atteinte de ce syndrome un repli sur soi et une isolation croissante. En effet, elle refusera par tous les moyens d’inviter qui que ce soit dans son lieu d’habitation, soit par honte, soit par impossibilité de faire rentrer du monde. Ce point est d’ailleurs un grand signe d’alerte pour l’entourage.

Malheureusement, le syndrome de Diogène touchant essentiellement les personnes âgées déjà fortement isolées, il n’est pas rare que personne ne sache de quoi elles souffrent avant leur décès, et donc le nettoyage de leur habitation.

Quels sont les profils types du syndrome de Diogène ?

Une étude française, menée par 5 chercheurs français sur 50 personnes âgées de 50 à 93 ans atteintes de ce syndrome a permis de confirmer une idée persistante associée à ce syndrome : si un grand nombre d’éléments sont variables (le milieu social, le sexe, ou même le milieu de vie), les personnes interrogées étaient en majorité atteintes de pathologies psychologiques et psychotiques particulières. La schizophrénie, certaines formes de démence comme la maladie d’Alzheimer et la dépression sévère sont des maladies que l’on retrouve assez souvent dans les cas étudiés. Par ailleurs, les auteurs de l’étude mettaient en évidence une part importante d’expériences traumatiques vécues durant l’enfance des personnes souffrant de ce syndrome, confirmant, là aussi, une autre théorie concernant le profil type.

Enfin, ces personnes étaient bien souvent des personnalités “exceptionnelles”. Forts caractères, voire impossibles à vivre, personnalités complexes, intelligences supérieures et fonctionnant en dehors du cadre, les personnes présentant un syndrome de Diogène sont bien souvent des intellects riches.

En dehors de ces aspects très répétitifs, on pourra retrouver l’âge avancé de la personne : le syndrome peut aussi se déclencher à la suite d’un événement traumatique lourd ou de l’isolation extrême. Les personnes d’entre 70 et 80 ans vivant encore à leur domicile sont donc particulièrement exposées (perte du conjoint, absence de visite de la famille…). On aura tendance à associer également le trouble aux femmes, puisque vivant statistiquement plus longtemps, mais aucune étude n’atteste encore pour le moment que le sexe soit un facteur déterminant.

Soutien, soin et aide à une personne atteinte du syndrome de Diogène

Plusieurs difficultés se posent quant au traitement du syndrome de Diogène :

  • La détection du syndrome
  • L’acceptation d’une aide par le patient
  • La mise en place de cette aide sur le long terme

Malheureusement, nous l’avons dit : bien souvent il est “trop tard” quand la maladie est découverte. Par ailleurs, les personnes qui l’ont développée sont souvent sujettes à un fort sentiment d’exclusion et de rejet général les poussant à refuser catégoriquement toute aide.

En outre, forcer la personne à “sortir de son trou” n’est clairement pas la bonne approche, il vous faudra entourer cette dernière de personnels soignants formées à la psychologie pour aller en douceur vers elle.
Le plus difficile va être d’établir un diagnostic, et l’hospitalisation en centre psychologique peut être une solution envisageable à condition de respecter la sensibilité extrême des personnes malades. Depuis 2012, par exemple, il existe à Toulouse un protocole pour coordonner la prise en charge des sujets aux centres hospitaliers Gérard Marchand et Universitaire.

Avant d’entamer toute démarche, prenez contact avec les structures médicales locales pour connaître leurs dispositions et dispositifs en la matière.

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